Depuis quelque temps déjà, l’association FGB de Paris, associé au CRECIB (Centre de Recherches et d’ Études en Civilisation Britannique) organise régulièrement des conférences en présentiel à Paris mais les diffuse en visio, par ‘zoom’, aux autres membres des associations régionales qui souhaitent les suivre. Une excellent initiative. D’autant que ces conférences sont toujours très intéressantes.
La dernière en date eut lieu le 4 avril. Elle était présentée par Marie-Élisabeth Deroche-Miles, Maître de conférences honoraire à l’université de Reims et était intitulée ‘Le Bon, le Brut … et le reste’. Vous l’aurez deviné, cette Champenoise férue en viniculture allait nous parler de la ‘Culture de la vigne et du vin en Grande Bretagne’. La conférence était annoncée ainsi :

« Depuis le début du 21e siècle, la viticulture est le secteur agricole qui présente la plus forte croissance en Grande-Bretagne. Des conditions climatiques désormais plus favorables à la culture de la vigne, des sols, au moins dans le sud de l’Angleterre, de nature similaire à ceux du terroir champenois et une amélioration sensible des méthodes de production permettent à la Grande-Bretagne de produire des vins qui, pour quelques-uns, rivalisent avec leurs homologues européens. Les « sparkling wines » en particulier ont déjà créé la surprise dans plusieurs concours internationaux et, malgré des conditions d’exploitation souvent délicates, la production viticole et la consommation de vins britanniques ont le vent en poupe. Après un bref retour sur l’histoire de la culture de la vigne et sur la façon dont le vin est consommé en Grande-Bretagne depuis l’époque de l’occupation romaine, nous verrons comment la production britannique se taille peu à peu une place originale dans le monde viticole. »
Coïncidence amusante, nous avions publié dans notre bulletin du 1er trimestre 2025, un article qu’Élisabeth Morin avait déniché sur le Net et qu’elle avait intitulé ‘Ça pétille outre-Manche’ ! (Voir l’article : https://francegrandebretagne18.com/wp-content/uploads/2025/04/Ca-petille-Outre-Manche.pdf
Résumé de la conférence (C. V)
La conférencière de AFGB Paris a introduit sa conférence en évoquant le trophée remporté par les Anglais, à la barbe des Français et surtout des Champenois à la compétition vinicole de 98 avec leur vin pétillant !!
Marie-Élisabeth a d’abord retracé l’historique de la présence de vin en Angleterre et au Pays de Galles qui date de l’époque romaine puis se poursuit au cours des siècles.
- Le Domesday Book évoque l’implantation de 45 vignobles sur les terres des monastères).
- S’ensuivent le règne des Plantagenêts qui exportent leur Claret en Angleterre, puis celui d’Henry VIII, friand des vins de Gasgogne.
- La période allant des années 1700 à celles de 1918, marquant un refroidissement des relations franco-britanniques, montre un déclin dans les exportations de vins français, les portugais prenant le relais.
- En 1860, le Premier Ministre Palmerston taxe le vin français de 83 % !!
- Durant la première guerre mondiale, priorité est donnée à la nourriture et la production de vin diminue.
- Puis, dès les années 30 et 50, alors que le rationnement continue au Royaume Uni sur la nourriture, la bière et l’alcool ne le subissent pas ! Et les Anglais commencent à produire leur propre vin, d’abord sous forme de production personnelle. C’est l’époque du ‘Homebrew Boom’ des années 60/80.
- Le gouvernement autorise la production en 1963. Et la Grande Bretagne devient le second importateur de vins au monde.
Des adjectifs qualifient les vins selon leurs qualités. ‘Vino, juice, glogg, natty’ pour les bons ; ‘fizz, bublly’ pour les Bruts ; ‘plonk ou Cardbordeaux’ pour le reste.
Le Hambledon, de très bonne réputation est servi au Président Pompidou à la table royale lors de sa visite à Londres.
En 1988, un couple d’Américains, Stuart et Sandy Moss, achète le manoir de Nyetimber et plante 3 cépages champenois sur leurs terres.
Le cru Nyetimber obtient un prix en 1992, 93 et en 1998 coiffe le Français Bollinger !
Qui sont les nouveaux vignerons anglais ?
Ils viennent du monde agricole mais il y a aussi des industriels, des professionnels expatriés parmi lesquels des Français, des Néo-zélandais, des Australiens et aussi des hommes de la City.
En 2023-2024, en Angleterre et au Pays de Galles, il y a plus de mille exploitations viticoles et la production de bouteilles atteint 21,6 millions. 23 % de vins tranquilles et 76 % de vins effervescents, ce qui représente plus de 187 % depuis 2018 !
- Le vin étranger entre en Angleterre grâce au touristes britanniques qui se rendent dans le Sud de l’Europe, notamment ceux qui font le plein à Calais.
- Tous les vins du monde sont représentés dans les supermarchés anglais.
- Les pubs, en dehors de la bière, servent des vins aux connaisseurs.
- La cave du gouvernement propose près de 2000 vins dont 62 % de vins anglais ou gallois, le tout pour une valeur de 3,8 millions de livres.
La production en G.B
- De 1960 à 1980 : surtout des cépages germaniques (‘cream wines’)
- En 1964 : 1500 bouteilles produites
- En 1980 : Müller- Thurgau ; Reichensteiner ; Bacchus
- Plus tard vins des Midlands, du Yorkshire, d’Écosse. Amélioration gustative.
En 1980 : Plus de 400 exploitations viticoles En 2000 : 1/3 disparaît
Pionniers de l’ère moderne
En 1952, le Major General Sir Guy Salisbury Jones, guidé par des experts champenois, produit le vin Hambledon.
The French are coming
Des Français arrivent, comme Didier Pierson, consultant pour Hambledon wineriesdans le Hampshire) depuis 2012 à aujourd’hui.. Chef de cave chez Frèrejean Frères Champagne ( Avize) depuis 2005 à aujourd’hui. Directeur chez Piersons Spirit of Wine England depuis 2014 à aujourd’hui. Aussi Tattinger en 2015 dans le Kent (60 ha). Pommery en 2017 dans le Hampshire (Louis Pommery England – 40 ha).
- Si 2023 fut une bonne année pour les vins anglais, la récolte 2024 est moins bonne.
- Les plants germaniques sont en voie de disparition.
- Une professionnalisation des exploitations voit le jour. Achats de robots.
- Des formations se mettent en place et des diplômes en viticulture et œnologie se créent.
- Une compétition avec la France se dessine surtout avec le Champagne.
- Il manque aux Anglais un nom générique. Fut suggéré ‘Britagne ’.
Quel avenir pour le vin anglais ?
- Si la croissance est exponentielle, les coûts de production sont élevés.
- Depuis le Brexit, il y a une pénurie de main d’œuvre.
- De nouvelles règles de taxation à l’exportation sont instaurées par le gouvernement Sunak et maintenues avec Keir Starmer (sur toute boisson alcoolisée à partir de 0,01%). 30 tarifs différents.
- Des vins ‘mid-strength’ ou en cannettes sont vendues en pintes.
- Si le ‘binge-drinking’ existe toujours, on voit apparaître des abstinents (29 % des jeunes).
- Le ‘Dry-January’ en passé de 4,2 M de personnes en 2019 à 15,5 M en 2025.
- Des ‘No-wine’ (boissons sans alccol ont vu le jour mais le taux de sucre est considérable.
Voir la sélection des JUKES (alcohol-free drinks).
