Le Centre Pompidou présente André Derain 1904 – 1914. La décennie radicale, un nouveau regard porté sur l’œuvre de cet artiste majeur du 20e siècle, avec pour ambition de retracer les étapes du parcours de l’artiste avant-guerre, moment où le peintre participe aux mouvements d’avant-garde les plus radicaux. Quelques ensembles exceptionnels sont réunis pour l’exposition : la production estivale de 1905 à Collioure, la série des vues de Londres et les très grandes compositions autour des thèmes de la danse et des baigneuses.

« D’ART … D’ART » : article de Élisabeth Morin – Journal FGB 1er trimestre 2018


L’exposition traite plus spécialement de « La décade radicale, 1904 – 1914 », c’est-à-dire la
première décennie de sa carrière.
Au printemps 1906, Derain fait un premier séjour à Londres pour y peindre une série de vues
commandée par le marchand d’art – galeriste, Ambroise Vollard. En écho aux peintures de Monet,
il réalise une série flamboyante de 29 vues londoniennes, pour la plupart réalisées en atelier, à
Paris, à partir de ses carnets de notes. Mais il élargit « les prises de vues » et s’aventure à l’est,
au-delà de Blackfriars Bridge pour rendre compte de la densité de la navigation et de l’intensité du travail sur les docks. Même si certaines sont plus inspirées de Monet et de Turner et montrent des sites emblématiques, mais sans aucune présence humaine, d’autres s’en éloignent résolument avec des effets de lumière très significatifs et de brutales explosions de couleurs qui créent le rythme.
C’est à Londres aussi qu’il éprouve un véritable choc artistique, lors de sa visite au British
Muséum où il découvre la statuaire océanienne et africaine. Il communique alors sa passion à ses
amis parisiens, Matisse et Picasso et va jouer un rôle important dans l’éclosion du Fauvisme et du
Cubisme.
Il laisse à sa mort, en 1954, une oeuvre riche et paradoxale, à la fois faite d’expérimentations
audacieuses et profondément marquées par les maîtres anciens. Pour conclure, cet extrait d’une
lettre adressée à Vlaminck, à l’été 1907 « ce qu’il faut, se serait de rester éternellement jeune,
éternellement enfant ; autrement, quand on se civilise, on devient une machine qui s’adapte
très bien à la vie et c’est tout. »