Le metteur en scène et le directeur du centre dramatique national de Tours, Jacques Vincey, adapte une pièce de William Shakespeare. Il a réécrit la pièce pour qu’elle soit en résonance avec une actualité faite de marchandisation, de libéralisme à outrance et de capitalisme. Le Marchand de Venise est sous-titré Business in Venice, car tout est transposé au pays d’un certain Donald Trump.

Article de Claudine Vannier – Journal FGB 1er trimestre 2018

SHAKESPEARE TOUJOURS D’ACTUALITÉ !
‘Le Marchand de Venise (Business in Venice)’ à la Maison de la Culture.

La Maison de la Culture de Bourges a présenté, du 12 au 14 décembre dernier, la version moderne du ‘Marchand de Venise’ de Shakespeare, mise en scène par Jacques Vincey.
Jacques Vincey n’aime pas la facilité.
Le directeur du Centre dramatique national de Tours adore provoquer, « pas pour bêtement provoquer mais pour soulever des questionnements.
Pour sortir d’une sorte de confort intellectuel qui nous rassure mais qui ne remet pas en cause les
apparences » . En montant « Le Marchand de Venise », de Shakespeare, le metteur en scène sait que, des réactions, il va y en avoir. « C’est une pièce rarement montée , explique Jacques Vincey dans son bureau du Théâtre Olympia à quelques jours de la première, car c’est une pièce à problèmes. » Le Marchand de Venise  » est polémique. Chaque fois qu’ elle est jouée , elle suscite des crispations autour de l’antisémitisme. »
Pour Jacques Vincey et son équipe, il n’était pas question de laisser la pièce dans son jus :
« Shakespeare a écrit  » Le Marchand  » il y a quatre siècles (1596) et, pourtant, elle est plus que jamais contemporaine. Elle rejoint des problématiques identitaires d’ aujourd’hui”.
L’enjeu était donc « de se saisir de ce classique et de le sortir de la naphtaline » . Le titre de la pièce n’est-il pas « Le Marchand de Venise » (« Business in Venice ») ? « Pour pointer qu’il s’agit bien de l’œuvre de Shakespeare mais adaptée. Au niveau du langage et même des situations. »
Pour pouvoir séduire Portia, une héritière fortunée, Bassanio veut faire un emprunt auprès de son ami Antonio, un riche marchand de Venise. Mais la fortune d’Antonio est en mer. En attendant le retour de ses bateaux, Antonio emprunte lui-même de l’argent à l’usurier Shylock, à une condition : si Antonio n’est pas en mesure de le rembourser à temps, Shylock prélèvera sur lui une livre de chair…