Gérard Hocmard, O.B.E

C’est à la Maison des associations, que Gérard Hocmard est venu nous parler de la dynastie des Tudor et en particulier de Henri VIII, son livre paru en 2018.

Il est agrégé d’anglais, délégué général de l’association France-Grande-Bretagne, past-président de l’Académie d’Orléans (Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts), guide conférencier chez Clio…..Son infatigable engagement franco-britannique lui a valu d’être récemment décoré par la reine Elisabeth II, officier de l’ordre de l’Empire britannique…

C’est ainsi que que débute la conférence :  « Barbe-Bleue aux six épouses, géant glouton, monarque tyrannique, réformateur religieux à l’origine de la rupture avec l’Eglise catholique romaine, telles sont les images qui surgissent à l’esprit lorsqu’est évoqué le nom du roi d’Angleterre Henri VIII. Les nombreuses biographies qui lui ont été consacrées n’épuisent pas le sujet : sa personnalité reste, à bien des égards, énigmatique.  »  Au cours de son exposé, G. Hocmard va  s’attacher à en analyser la complexité, à mettre en lumière les fragilités secrètes qui permettent de mieux comprendre les ressorts et la portée de action de ce roi. Certes ce n’est pas un ange mais c’est un prince de la Renaissance, très cultivé. Il parle le français, l’espagnol, l’italien et le latin. A 8 ans, il répond en latin, à Érasme qui s’était adressé à lui en cette langue,  laissant notre humaniste totalement ébaudi devant tant d’érudition. Par ailleurs, le jeune roi séduit par son adresse aux sports, sa carrure, 1m93,  c’est un athlète accompli ; il est féru de musique, de poésie et même de théologie. Il joue du luth, de la flute, de la viole, écrit des motets dont certains nous sont parvenus  (mais, contrairement à la légende, il n’est pas l’auteur de ‘Greensleeves’).

Lors son père, Henri VII décède, il lui laisse un royaume en paix, riche, très  prospère (industrie lainière en pleine expansion, création de cales sèches pour les bateaux, développement des relations avec l’Amérique…)

A l’austérité de Henri VII, succèdent, à la cour, de fêtes et réjouissances. Une seule chose manque pour que  le bonheur  d’Henri VIII soit total, un héritier. Sa quête d’un héritier mâle à tout prix, explique en grande partie, son besoin de trouver des épouses.

Catherine d’Aragon, épouse de son frère Arthur, décédé prématurément, ne lui donne qu’une fille, Marie ; Anne Boleyn est la mère d’Elisabeth  et Jeanne Seymour est celle de Prince Edward.

Mais, contrairement à sa ‘légende’,  Henri VIII n’eut, semble-t-il,  pas  beaucoup de maitresses officielles (sans compter les relations ancillaires, bien sûr )… Citons Marie Boleyn, sœur ainée d’Anne et Elisabeth Blount qui lui donnera un fils, Henry Fitzroy, duc de Richmond . Henri VIII avait en fait, un petit côté bigot, voire prude…Il était obsédé par les maladies, obligeait les membres de sa cour à se laver les mains avant les repas, fuyait les gens malades porteurs de germes, allant même à quitter une salle si un de ses sujets y éternuait ou toussait….

Il sut s’entourer de conseillers particulièrement compétents dont il n’hésitera pas à se débarrasser d’une façon parfois radicale, en dépit des services rendus à la couronne. Thomas Wolsey, après sa disgrâce, la confiscation de ses biens, son arrestation, est mort d’épuisement et ruiné avant son transfert à la tour de Londres. Thomas More, grand humaniste, ami d’Erasme, est envoyé à l’échafaud. Quant à Thomas Cromwell, il est mort décapité…

La grande affaire du règne d’Henry VIII est le schisme avec Rome. Les raisons en sont multiples et complexes et pas dues uniquement à son désir de se remarier.

En janvier 1536, le roi, désarçonné, est gravement commotionné et sa vie est en danger.  Il s’en remettra mais restera à jamais marqué psychologiquement par cet accident, cause de ses sautes d’humeur perturbant profondément  sa personnalité.  A la fin de sa vie, il est devenu obèse (1.40m de tour de taille – 178 kg), se déplace avec peine, on le monte à cheval avec un palan . Il souffre probablement de la goutte, de diabète, est atteint d’ulcères variqueux. Il décède le 28 janvier 1547, à 55 ans. Il est enterré dans le chœur de la chapelle St Georges de Windsor où repose sa femme, Jeanne Seymour.

Son règne représente le début de la montée en puissance d’un petit royaume aux franges de l’Europe et celle, au moins symbolique, du Parlement. Mais c’est surtout,  sa rupture religieuse avec Rome et son éloignement des communautés idéologiques européennes qui a constitué comme un premier Brexit, initiant le « splendide isolement » ultérieur .